La loi HPST , la gouvernance, "ça se passe bien" selon Fourcade, mais il est très inquiet des prochaines élections des Commissions Médicales d'Etablissement (CME), sous entendant que les élus actuels seraient plus coopérants que les élus futurs.
Aurait-il peur d'un réveil d'Hippocrate?
Le remède selon Fourcade? Toujours le même: la pédagogie, la formation à l'intention des médecins, des cadres hospitaliers, des managers et des administrateurs des conseils de surveillance. C'est qu'aux yeux des "réformateurs", nous n'avons pas encore compris le bien fondé du Nouveau Management Public et de la RGPP, attendons nous à une offensive majeure de la sophistique managériale. Nous n'avons, nous autres médecins, pas encore compris la nécessaire dissociation de la production et du sens de l'action, celle de la qualité et de la performance, celle de la performance et des niveaux de ressources, enfin celle de la décision stratégique et de la gestion opérationnelle.
En France, l'Etat est considéré comme l'incarnation de la rationalité scientifique, l'Etat jacobin ne reconnaît pas de discordance entre les représentations de la "carte" qu'il dessine et le "territoire". L'autonomie des médecins est condamnée par construction par l'ingénierie sanitaire et la rationalité mécanicienne du NMP et assimilée au "corporatisme". La gauche fustige surtout la malhabileté de la "main invisible du marché", insistant sur les excès de l'ultralibéralisme, tandis que la droite fustige davantage, rejointe il est vrai par des socio-démocrates comme Kervasdoué, la paralysie de la bureaucratie wéberienne, sa dégénerescence vers l'inefficacité auto-reproductrice et ses pesanteurs "soviétiques".
La réalité est que le Nouveau Management Public cumule en synergie négative les défauts des deux "mains", celle du marché et celle au contraire trop visible du managérialisme.
L'autonomie des médecins, à la fois face au marché et à la hiérarchie, le "professionnalisme"; c'est une "troisième logique", une nécessité qu'on ne peut évacuer d'un revers de main (l'une des deux au choix) sous l’accusation simpliste de corporatisme, même s'il faut en permanence se garder de s'enliser dans les intérêts catégoriels.
Il existe bien un evidence based management, le vrai management, pas celui des "MBA" semi-habiles et formatés par les cabinets de conseil du NMP dont l'action constructiviste est couronnée par l'ANAP, mais celui que les médecins doivent savoir pratiquer au quotidien, comme l'ont bien montré dans le champ des systèmes de soins, contre les théories obsolètes du NMP qui ne visent qu'à réduire la protection sociale, l'économie (Arrow, Akerlov, Galbraith, Quinn, Porter, peut-être l'économie des conventions), la théorie des organisations (Mintzberg, Ouchi, Argyris, Senge) , la sociologie des professions de Strauss, Becker, Freidson, Abbott, Sennett et bien sûr l'incontournable Frédéric Pierru qui fait le lien avec les "politistes".
Comment s''immuniser contre ces bricolages cognitifs et détecter ces balivernes? Le kit d'ubulogie clinique, contre la fabrique des soins low cost.
Source: Public sénat
Un rapport du Sénat propose de décloisonner le système de santéLa vidéo de l'émission:
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire