- Il faut certes la meilleure description possible des activités homogènes ce qui est plus une perspective comptable que marchande, mais nos classifications sont parmi les plus inconsistantes du monde, notamment parce qu'elles restent fondées sur un modèle de production de "l'usine à soins" purement curative. Il nous faut questionner les mythes de la mise en gestion de la santé et l'immobilisme cloisonné des tutelles, surtout entre soins et services sociaux.
- L'incapacité des classifications à capter correctement les dimensions pathologiques, fonctionnelles et socio-environnementales des hospitalisations est conditionnée par le modèle de production de groupes homogènes qui peu évolué depuis Fetter. Ces insuffisances majeures impliquent des compartiments correcteurs nombreux et importants, au risque de "troubles du compartiment" qui relèvent de la psychiatrie (Cliquer ici).
- Un financement lié aux missions de service public et à l'aménagement du territoire ne peut compter sur la main invisible des pseudos marchés et reste indispensable. Par leurs défaillances ces quasi-marchés sous enveloppe fermées - n'est-ce pas un non-sens pour un économiste libéral? - vont continuer à créer des déserts, des zones sous denses pour certaine activités non rentables et des inégalités de santé inacceptables que nous voyons de plus en plus au quotidien.
Sources
Réforme du financement de la psychiatrie hospitalièreLes troubles du compartiment du gouvernement : après la T2A, voici la T2C-psy
Organisation et financement des SSR et de la réadaptation : cadre conceptuel et comparaisons internationales
SSR : quels outils de description fine pour porter le financement de demain ?
Brève
histoire de l’impasse de l’organisation et du financement des SSR : l’impossible
lien entre autorisations et financement
1970 et 1975 : séparation
des soins et du secteur de l’action sociale et médicosociale, les soins
seront déconcentrés et l’action sociale décentralisée. La réadaptation ne fait pas partie des priorités des politiques du handicap, dont la définition devient sociale et collective*. La réadaptation sera désormais confondue avec les moyens séjour puis les SSR.
1982 Création du PMSI à
partir d’une fonction de production purement curative des soins hospitaliers (projet
d’importation/adaptation des DRG de Fetter)
1991 Création
des SSR à partir d’une nomenclature exubérante des « moyens séjours » représentant
aujourd’hui 25% des lits hospitaliers français, une des proportions les plus élevées
des pays de l’OCDE, contrastant avec l’effondrement des Soins de longue durée en
France. Absence de stratégie de réadaptation.
1996 Généralisation
du PMSI et implémentation du PMSI-SSR ; l’évaluation de la fonction est minimale, le potentiel de réadaptation et les
facteurs socio-environnementaux ne sont pas pris en compte. Il est impossible de
distinguer les fonctions de poursuite de soins curatifs, de soins réadaptation et
de transition en SSR (Rapport de la Cour des comptes 2012).
1997 Comptabilité
analytique hospitalière (CAH): la rééducation-réadaptation est abordée comme sections d’analyse médico-techniques
dont les coûts sont déversés sur les activités cliniques principales ; en aigu comme
en SSR
1998 Première
classification PMSI-SSR en groupes homogènes de journées
2000 Classification
internationale des comptes de la santé (ICHA): une nomenclature fonctionnelle
internationale complète la classification des prestataires.
2005 Utilisation
du PMSI dans la tarification à l’activité en MCO
2008 Segmentation
institutionnelle des SSR, suppression de la distinction entre soins de suite
et réadaptation, peu modifiée en 2021 (nouveaux décrets attendus)
2012 et ensuite
: pas d’intégration des nomenclatures internationales au PMSI ni à la CAH (CIF,
ICHA, ICHI…), en dehors de la CIM, aboutissant à l’inconsistance du système
d’information et à l’impasse actuelle de la classification tarifaire.
2021 : les
nouveaux décrets relatifs aux autorisations ne permettront pas de spécifier les
fonctions d’un ensemble aussi hétérogène que les SSR français. L’absence de lien
entre autorisations et financement[J1] explique
l’impasse de la classification.
Sans possibilité
de décrire des activités homogènes au plan clinique et économique il est impossible
de décrire des séjours homogènes
- le manque de financement, de plans et de politiques au niveau national car la réadaptation ne fait pas partie des priorités ;
- le manque de services de réadaptation en dehors des zones urbaines et les longs délais d’attente ;
- les dépenses élevées à la charge des patients et l’absence ou l’insuffisance des moyens de financement ;
- le manque de professionnels compétents, avec moins de 10 praticiens qualifiés pour 1 million d’habitants dans beaucoup de pays à revenu faible ou intermédiaire ;
- le manque de ressources, notamment de technologies d’assistance, d’équipements et de consommables ;
- le manque d’études et de données sur la réadaptation ;
- l’inefficacité ou la sous-utilisation des voies d’orientation des patients vers les services de réadaptation."
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